Nous voilà installées à Bañado de Medina
Avant d’amorcer ce long récit, je tiens à vous informer que long signifie loooooooooooooooong, mais il n’y aura pas souvent de message. Il y a des parties si vous voulez morceler votre lecture…
Bañado, ça veut dire quelque chose comme « marécage », en tout cas un endroit où il y a de l’eau stagnante. Dans la vie de tous les jours ça veut dire il fait froid ET humide, donc un froid qui rentre jusque dans les os…
Medina, c’est le nom d’un mec qui a fait on-ne-sait-pas-quoi. Moi ça me fait plutôt penser à mon pote Jérémy, pour Pauline ça réveille plutôt des chansons de jeunesse (« Juste un morceau de sucre qui aide la MEDINA couler… la mediNA couler ééééééééééé, mediNA, couler…. »).
Elle nous a tout d’abord présenté l’essentiel, ce qui n’avait encore jamais effleuré l’esprit de personne : nous expliquer le fonctionnement de l’Universidad en y intégrant Extensión … Enfin le mystère est levé. Nous pouvons enfin mieux nous situer, confirmer et compléter ce que nous avions compris de nous même.
L’Universidad développe donc Extensión, conjointement à l’Enseignement et à la Recherche, les deux seules fonctions que nous avons en France. Extensión consiste à mettre en place une relation entre l’Université et la société par le biais de projets, à réaliser un travail de terrain visant à développer quelques sujets que ce soit en relation avec la société, en y associant un échange de connaissances.
Travaillent au sein de ce service des étudiants, des « docentes » (sorte de professeurs en formation continue) et des « egresados » (diplômés) en plusieurs domaines : agronomie, psychologie, sciences sociales, communication. Humberto Tommasino – notre contact initial – est le grand chef de ce service, il travaille dans le Bureau Central se trouvant dans la capitale (là où nous avons passé notre première semaine). Il y a également des Unités dans d’autres départements du pays. Le travail proposé est réalisé à un niveau local, et a pour objectifs de faciliter le rapprochement, d’obtenir une meilleure connaissance de la réalité locale et de ses besoins, ainsi que de générer des propositions de travail alternatives, en coopération avec les acteurs locaux.
L’existence de ces Unités est une des illustrations du processus de décentralisation qui s’est amorcé récemment en Uruguay, et qui ne facilite pas le fonctionnement autonome de certaines unités qui se voient attribuer des responsabilités de décisions alors qu’elles étaient jusqu’alors habituées à recevoir les ordres de la capitale. A Tacuarembó par exemple, on a compris récemment qui était la personne qui aurait dû se charger de nous et qui nous a allégrement laissées moisir à l’INIA sans se manifester, pendant que nous prenions notre voisin Rodolfo (frais de 2 mois sur son poste) pour notre éventuel responsable, alors qu’il ignorait autant que nous ce que nous avions à faire… A Artigas, on était bien au sein de l’Unité d’Extensión du département, mais notre responsable nous a laissées livrées à nous même… Jimena a bien résumé la situation au directeur de la station que nous avons rencontré ce matin (un homme grand avec une casquette COLEME – la coopérative de laitiers de Melo – une chemise à carreau rouge comme c’était la mode quand j’avais 13 ans, une moustache et des cheveux blancs, et surtout un tout petit maté étroit et aplati qui se met à siffler quand on ne le boit plus…). « Elles ont été autodidactes jusqu’à maintenant, j’ai envie qu’elle parte de l’Uruguay avec un aperçu concret de ce que sont ses productions et ses particularités… »
*planifié le travail qu’on va réaliser ici : un recensement des laitiers qui vendent le lait cru à l’encontre de la loi interdisant cette vente, c'est-à-dire les localiser dans le département ; caractériser leur contexte social et leur production ; comprendre les raisons de ce mode de commercialisation. En gros, c’est ce qu’on a fait à Artigas les deux dernières semaines en rendant visite à une dizaine de producteurs laitiers des environs de la ville.
*évoqué les visites qu’on va faire pour connaître le département : l’abattoir « Pull », l’usine à laquelle la coopération de laitiers de Melo vend sa production, quelques exploitations d’élevage de viande bovine (ENFIN on va voir des gauchos à cheval dans le contexte du boulot…), une exploitation forestière (premier département pour nous où on rencontre cette production), un silo à riz (pratiquement toute la zone frontalière avec le Brésil est caractérisée par une activité rizicole, mais à Artigas on n’avait pas eu l’occasion d’aller voir)…
*Notre vie sociale*
Pauline, entreteneuse en chef de notre unique source de chaleur...