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*Quel est le goût du Québec ?...*
*Quel est le goût du Québec ?...*
7 juin 2008

Nous voilà installées à Bañado de Medina

Avant d’amorcer ce long récit, je tiens à vous informer que long signifie loooooooooooooooong, mais il n’y aura pas souvent de message. Il y a des parties si vous voulez morceler votre lecture…

*Bañado de Medina*

Ceci est le VRAI nom de la station où nous habitons. Quelques précisions avant de vous décrire notre nouveau nid d’hiver…

Bañado, ça veut dire quelque chose comme « marécage », en tout cas un endroit où il y a de l’eau stagnante. Dans la vie de tous les jours ça veut dire il fait froid ET humide, donc un froid qui rentre jusque dans les os…

Medina, c’est le nom d’un mec qui a fait on-ne-sait-pas-quoi. Moi ça me fait plutôt penser à mon pote Jérémy, pour Pauline ça réveille plutôt des chansons de jeunesse (« Juste un morceau de sucre qui aide la MEDINA couler… la mediNA couler ééééééééééé, mediNA, couler…. »).

 La station fait environ 900 hectares, il y a plein de petites maisons en pierre, des bureaux, un élevage de vaches laitières et tout ce qui va avec (tous les matins, on traverse les champs au soleil levant pour aller chercher notre lait à la salle de traite), des champs, des champs, des champs, des serres avec des plantations de mille variétés d’arbres à différents stades physiologiques, et aussi des graaaaaaands arbres avec des oiseaux exotiques verts qui font plein de bruit, et des chevaux qui broutent sous notre fenêtre au petit matin…

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Notre hÂvre de paix

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Notre maison

 *On va travailler pour de vrai*

En ce qui concerne l’Unidad de Extensión (rappel : la partie de l’Université de l’Uruguay qui nous a accueilli en stage) de Cerro Largo où nous avons atterri : on est enfin encadrées !! Après José Enrique le vieux mou tout nul qui nous ignorait royalement, nous voilà en compagnie de Jimena, jeune femme de 24 ans ultra dynamique à la coupe garçonne d’un noir de corbeau et au visage enfantin, qui du haut de ses 1m55 s’est fixé comme but ultime de nous faire connaître pour de VRAI l’Uruguay… enfin du moins le plus qu’elle pourra pour rattraper l’incompétence de ses collègues du Nord du pays…

Elle nous a tout d’abord présenté l’essentiel, ce qui n’avait encore jamais effleuré l’esprit de personne : nous expliquer le fonctionnement de l’Universidad en y intégrant Extensión … Enfin le mystère est levé. Nous pouvons enfin mieux nous situer, confirmer et compléter ce que nous avions compris de nous même.

Le service Extension est une des trois fonctions que développe l’Université. Il convient de préciser qu’en Uruguay, les études universitaires sont malheureusement toutes concentrées dans la capitale. Les étudiants voulant les suivre sont contraints de voyager jusqu’à Montevideo ou à s’y installer, vu qu’il n’y a qu’une seule Université, qui propose les mêmes domaines que ceux que nous avons en France. Ceci constitue un obstacle pour les étudiants de l’ « intérieur » du pays – l’équivalent de la « province » française – dont la famille n’a pas les moyens de payer le transport et/ou un logement à la capitale, ou qui n’ont tout simplement pas envie de quitter le foyer familial. C’est ainsi que par exemple les jeunes d’Artigas ou de Salto se retrouvent majoritairement notaires, avocats, agronomes, infirmières ou maîtresses.

L’Universidad développe donc Extensión, conjointement à l’Enseignement et à la Recherche, les deux seules fonctions que nous avons en France. Extensión consiste à mettre en place une relation entre l’Université et la société par le biais de projets, à réaliser un travail de terrain visant à développer quelques sujets que ce soit en relation avec la société, en y associant un échange de connaissances.

Travaillent au sein de ce service des étudiants, des « docentes » (sorte de professeurs en formation continue) et des « egresados » (diplômés) en plusieurs domaines : agronomie, psychologie, sciences sociales, communication. Humberto Tommasino – notre contact initial – est le grand chef de ce service, il travaille dans le Bureau Central se trouvant dans la capitale (là où nous avons passé notre première semaine). Il y a également des Unités dans d’autres départements du pays. Le travail proposé est réalisé à un niveau local, et a pour objectifs de faciliter le rapprochement, d’obtenir une meilleure connaissance de la réalité locale et de ses besoins, ainsi que de générer des propositions de travail alternatives, en coopération avec les acteurs locaux.

L’existence de ces Unités est une des illustrations du processus de décentralisation qui s’est amorcé récemment en Uruguay, et qui ne facilite pas le fonctionnement autonome de certaines unités qui se voient attribuer des responsabilités de décisions alors qu’elles étaient jusqu’alors habituées à recevoir les ordres de la capitale. A Tacuarembó par exemple, on a compris récemment qui était la personne qui aurait dû se charger de nous et qui nous a allégrement laissées moisir à l’INIA sans se manifester, pendant que nous prenions notre voisin Rodolfo (frais de 2 mois sur son poste) pour notre éventuel responsable, alors qu’il ignorait autant que nous ce que nous avions à faire… A Artigas, on était bien au sein de l’Unité d’Extensión du département, mais notre responsable nous a laissées livrées à nous même… Jimena a bien résumé la situation au directeur de la station que nous avons rencontré ce matin (un homme grand avec une casquette COLEME – la coopérative de laitiers de Melo – une chemise à carreau rouge comme c’était la mode quand j’avais 13 ans, une moustache et des cheveux blancs, et surtout un tout petit maté étroit et aplati qui se met à siffler quand on ne le boit plus…). « Elles ont été autodidactes jusqu’à maintenant, j’ai envie qu’elle parte de l’Uruguay avec un aperçu concret de ce que sont ses productions et ses particularités… »

Résultat, ça fait quatre jours qu’on est là, et on a déjà :

*planifié le travail qu’on va réaliser ici : un recensement des laitiers qui vendent le lait cru à l’encontre de la loi interdisant cette vente, c'est-à-dire les localiser dans le département ; caractériser leur contexte social et leur production ; comprendre les raisons de ce mode de commercialisation. En gros, c’est ce qu’on a fait à Artigas les deux dernières semaines en rendant visite à une dizaine de producteurs laitiers des environs de la ville.

*évoqué les visites qu’on va faire pour connaître le département : l’abattoir « Pull », l’usine à laquelle la coopération de laitiers de Melo vend sa production, quelques exploitations d’élevage de viande bovine (ENFIN on va voir des gauchos à cheval dans le contexte du boulot…), une exploitation forestière (premier département pour nous où on rencontre cette production), un silo à riz (pratiquement toute la zone frontalière avec le Brésil est caractérisée par une activité rizicole, mais à Artigas on n’avait pas eu l’occasion d’aller voir)…

 C’est chouette

 

*Notre vie sociale*

En plus d’avoir un super contexte de boulot dynamique, on s’entend très bien avec Jimena et son copain Nicolas, étudiant en géographie grand, mince et barbu aux petits lunettes rondes, qui pourrait passer des journées entières à lire des cartes… Montevidianos (de Montevideo), ils habitent tous les deux dans cette station reculée du monde, dans une maison en pierre et en bois rustique pleine de couleurs qu’ils ont retapés à leur image. Ils sont très intéressants et intéressés par le fonctionnement social, politique, et culturel de la France, ils n’écoutent pas de la cumbia mais de la bonne musique… Ca fait plaisir de rencontrer des jeunes qui nous ressemblent au niveau des centres d'intérêts. Ce soir on va tous les 4 au cinéma à Melo (aaaaaaaaaaaaah enfin après 4 mois d’abstinence) voir un documentaire sur un groupe de rock engagé très emblematique de l'Uruguay : La Tabaré.

Nous, on habite dans une autre grande maison en pierre, on a une cheminée et des fauteuils très agréables dans une salle commune, où on passe pour le moment la plupart du temps de nos journées, lisant ou tricotant... Les cuisinières de la station nous concoctent de bons petits plats et nous laissent des tonnes de viande pour ne pas qu’on meurt de fin le week end… Le cadre est paisible, un endroit agréable pour passer l’hiver

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Pauline, entreteneuse en chef de notre unique source de chaleur...

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Commentaires
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Ah ! Quelle chance ! On sentait que vous alliez atterrir au fin fond de l’Uruguay, à l’endroit ou commence le no man’s land et la forêt vierge avec tout le gibier qui va avec… Le coin a l’air magnifique ! Et c’est cool de rencontrer un maitre de stage qui soit accessible et qui mesurent la chance d’avoir des stagiaires de cultures différentes. Bravo, bonne pioche, je vous voyais partir loin, très loin…<br /> Et…<br /> C’est bien la cumbia.<br /> <br /> Bonne continuation ?
L
vous avez un vrai stage !<br /> vous rendez vous compte que vous etes les seules ?<br /> gauchez bien (surtout quevous etes gaucheres), on vous envoit de la chaleur asiatiquessi voulez, et prenez la mousson avec !<br /> bizzzz
*Quel est le goût du Québec ?...*
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