Comment notre restaurant préféré pourrait avoir son article dans Paris Match...
Ca fait maintenant 3 semaines qu’on est à Artigas, et on a nos petites habitudes :
le lundi soir on va souvent manger au « magic », une sorte de cafèt où ils font des chivitos* trop bons. Et le midi, de temps en temps, on va (enfin on allait) dans un restaurant/buffet trop génial, dont nous tairons le nom par peur des représailles : pour 70 pesos (2/3 euros), on a à manger à volonté, parmi de nombreux plats délicieusement préparés par la patronne : courgettes farcies, guizo de arroz, ragoût de lapin, spaguettis au pesto… Tout un tas de plats meilleurs les uns que les autres, qui nous rappellent la cuisine de nos mamans et de nos mamies… Tout ça dans un cadre magnifique, avec une terrasse intérieure pleine de végétation et de couleurs. Ajoutez à ça un patron trop sympa (la patronne on l’a juste aperçue une fois, plutot élégante et très commerciale) et un serveur plutôt mignon, autant dire qu’on y allait souvent.
oh comme c'est beau...
mmm on a bien mangé...
Là vous vous dites, « mais
alors c’est quoi le problème ? »
L’autre
jour, on discutait avec notre collègue/copine Gabriela (plus
copine que collègue d’ailleurs), et en passant devant ce restau
on lui dit « oh on adore trop ce restaurant, tu
connais ? » Et là elle nous raconte que la
patronne, avant d’être restauratrice, était infirmière
à Artigas. Il y a 5 ou 6 ans, un scandale a éclaté :
elle faisait du commerce d’enfants ! En fait elle s’occupait
des enfants de familles pauvres d’Artigas qui étaient
hospitalisés dans sa clinique. Et jugeant qu’ils seraient
mieux logés dans une riche famille brésilienne en
manque de petits, elle les vendait tout simplement de l’autre côté
de la frontière. Parfois en dédommageant la famille, ou
parfois en leur disant tout simplement que l’enfant était
mort ! Ca fait froid dans le dos ! Cette dame a donc fait
de la prison pendant 3 ou 4 ans, et maintenant l’histoire est
terminée. Sauf que comme elle ne peut plus exercer son métier,
elle a décidé d’ouvrir un restaurant/cantine.
La question qu’on s’est posée : mais pourquoi se reconvertir dans un métier ouvert aux gens, quand on sait qu’à Artigas tout le monde se connaît et tout le monde est au courant de cette histoire macabre ? Apparemment la femme ne regrette absolument pas, elle a même affirmé dans une interview que si elle pouvait, elle recommencerait. En gros, si les gens la soutiennent ils vont manger dans son resto, sinon tant pis. Et dire qu’on s’est affichées nombre de fois à la terrasse… Maintenant plus question d’y aller, le lieu était vraiment sympa mais maintenant c’est vraiment trop glauque, on a l’impression qu’on peut trouver un ragoût d’enfant dans notre assiette !
D’ailleurs après réflexion, dans ce resto il n’y a pas grand monde a part des brésiliens (qui ne connaissent pas forcément l’histoire) et des gens innocents comme nous qui ne sont pas encore au courant de tous les dessous d’Artigas…